6 Octobre 2015
गुरुर्ब्रह्मा गुरुर्विश्णु गुरुर्देवो महेश्वरः
गुरुरेव परं ब्रह्म तस्मै श्रीगुरवे नमः
gururbrahmā gururviśṆu gururdevo maheśvaraḤ
gurureva paraṁ brahma tasmai śrīgurave namaḤ
Le gourou est Brahma, le gourou est Vishnou,
le gourou est le grand Seigneur Dieu*
En vérité le gourou est le suprême Brahman,
à cet excellent gourou hommage !
* allusion à Shiva
Étrange, surprenant ! Le mot gourou suscite en général la méfiance. Il évoque les sectes qui font perdre à leurs adeptes toute autonomie, tout esprit critique. Le suicide collectif, au Guyana, de la secte « le Temple du peuple » est encore dans les mémoires. Et voilà que dans cet hymne le gourou semble être assimilé à Dieu lui-même ! Ne serait-ce pas là un encouragement à abdiquer toute autonomie devant celui ou celle qu'on aura élu comme gourou ?
Pas du tout, ce serait un total contre-sens. Ce verset est suffisamment explicite : il n'y a d'autre gourou que Dieu lui-même. La suite de l'hymne continue dans le même sens : le gourou c'est Dieu. C'est Lui qui nous mène à Lui.
Mais alors qu'en est-il alors du gourou humain ? L'idolâtrer serait la pire des erreurs. Dieu peut éventuellement se servir d'un gourou pour nous faire progresser mais c'est toujours en Dieu qu'il faut placer notre foi. Même si le gourou est une personne grave, dont les avis ont du poids - c'est le sens de gourou - il reste un être humain immergé comme nous dans la dualité. On peut être serviable vis à vis de son gourou. On peut l'aimer aussi mais cette amitié ne doit pas être dépendance. Si cette amitié nous aide à progresser vers Dieu c'est Dieu qu'il faut remercier de l'avoir suscitée.
D'ailleurs faut-il vraiment un gourou attitré ? Mon premier professeur de yoga m'a indubitablement transmis une impulsion. Il ne le savait pas, ni moi non plus : il a été de fait, un temps, mon gourou. Puis j'ai quitté la ville et l'ai perdu de vue. J'ai reçu, beaucoup plus tard, d'autres impulsions mais toujours avec un gourou de circonstance ou sans gourou identifiable. En fait nous sommes entourés de gourous : il suffit d'aimer les gens proches ou croisés par hasard, Dieu nous parle à travers eux.